December 8, 2025
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Lorsque l’on travaille en Suisse tout en vivant en France, les questions fiscales peuvent vite devenir un casse-tête. Entre deux législations, deux monnaies et des règles parfois très différentes, il n’est pas toujours évident de savoir ce qui peut réellement être déduit de son revenu imposable. Pourtant, en tant que frontalier, vous avez accès à de nombreuses déductions fiscales en Suisse – à condition de les connaître et de les déclarer correctement.
Que vous soyez salarié, propriétaire, parent ou en fin de carrière, vous pouvez réduire votre charge fiscale en tenant compte de frais liés au travail, à la famille, au logement ou encore à la prévoyance. Le but ? Garder plus de votre revenu pour financer vos projets, vos besoins futurs… ou simplement votre quotidien.
Ce guide clair et structuré vous accompagne à travers les principales déductions accessibles aux frontaliers imposés en Suisse. Vous y trouverez les règles essentielles, les plafonds à connaître, les justificatifs à conserver, ainsi que les pièges à éviter. Parce qu’optimiser ses impôts, ce n’est pas tricher, c’est utiliser au mieux les outils que la loi met à votre disposition.
Si vous exercez une activité lucrative, vous pouvez déduire plusieurs types de dépenses liées à votre travail. Les plus courantes concernent les trajets domicile-travail, les repas hors domicile, les vêtements ou les outils professionnels.
Par exemple, si vous vous rendez au travail à vélo ou en voiture, ou si vous utilisez les transports publics, vous pouvez demander une déduction. Attention toutefois : pour l’impôt fédéral direct, le plafond est fixé à CHF 3000 par an. Ce montant peut varier selon les cantons.
Côté repas, si vous ne pouvez pas rentrer chez vous à midi, une déduction est possible. Le montant dépend de l’offre de restauration sur votre lieu de travail. Sans cantine à tarif préférentiel, vous pouvez déduire CHF 15 par jour travaillé. Avec une offre à prix réduit, ce montant tombe à CHF 7.50.
Pour les autres frais professionnels – ordinateur portable, matériel spécifique, vêtements – une déduction forfaitaire de 3% du salaire net peut s’appliquer. Cette déduction est encadrée par un minimum (CHF 2000) et un maximum (CHF 4000). Au-delà, vous pouvez faire valoir vos dépenses réelles, à condition de fournir les justificatifs.
Depuis la généralisation du travail à distance, les règles ont évolué. Si vous travaillez régulièrement depuis chez vous, vous pouvez demander une déduction dans la catégorie des autres frais professionnels. Elle est généralement forfaitaire, mais si vos dépenses dépassent ce montant, vous pouvez fournir les preuves nécessaires pour une déduction plus élevée.
Il est aussi possible, sous conditions strictes, de déduire une pièce de votre logement utilisée exclusivement à des fins professionnelles – mais cette possibilité reste limitée et dépend du canton.
Les contribuables possédant des titres ou d’autres formes de fortune privée peuvent déduire les frais de gestion facturés par des prestataires, comme les banques. Ces frais concernent uniquement la conservation ou l’administration, et non les opérations d’achat ou de vente. Deux méthodes sont possibles : soit la déduction des frais réels sur présentation de justificatifs, soit l’application d’un forfait. Ce dernier est de 0,3% de la valeur fiscale pour une fortune jusqu’à CHF 3 millions, puis de 0,1% pour la part excédentaire.
Les propriétaires de biens immobiliers peuvent déduire les frais liés à l’entretien et à la gestion de leur bien. Cela inclut les réparations, les travaux courants ou les honoraires de gestion si l’administration est confiée à un tiers. Vous avez le choix entre une déduction forfaitaire – fixée par chaque canton – ou une déduction basée sur les frais réellement engagés, si vous pouvez en fournir la preuve. En revanche, les travaux qui augmentent la valeur du bien (comme un agrandissement) ne sont pas déductibles. Les investissements visant à améliorer l’efficacité énergétique ou à réduire l’impact environnemental sont, eux,considérés comme déductibles.
Si vous avez des dettes privées – un crédit à la consommation, une carte de crédit, ou même une hypothèque – vous pouvez déduire les intérêts. Le plafond fédéral est de CHF 50000 par an. Cela ne concerne toutefois pas les mensualités de leasing, les remboursements de dette (amortissements) ou les crédits de construction.
Par ailleurs, les dettes existantes au moment de remplir votre déclaration – comme une facture non réglée ou un prêt en cours – peuvent être déduites de votre fortune imposable,sans plafond. Il faut simplement fournir la liste des créanciers et les taux d’intérêt.
Vous suivez une formation liée à votre métier actuel ou à une reconversion professionnelle ? Vous pouvez déduire jusqu’à CHF 12 700 par an pour l’impôt fédéral. Là encore, les montants varient selon les cantons.
Attention : les cours doivent avoir un lien direct avec votre profession. Et si votre employeur paie la formation, vous ne pouvez pas la déduire vous-même. Gardez bien tous les justificatifs : en matière fiscale, ce sont eux qui font foi.
Les cotisations versées dans le cadre du pilier 3a – qu’il s’agisse d’un compte bancaire ou d’un contrat d’assurance – sont entièrement déductibles du revenu imposable.
En 2025, le plafond de déduction est de :
Nouveauté importante dès 2025 : il sera possible de verser rétroactivement les montants non utilisés pour certaines années passées. Ce mécanisme vous permettra d’optimiser votre fiscalité même a posteriori.
Si vous avez des lacunes dans votre 2e pilier, vous pouvez effectuer un rachat volontaire. Cela vous permet non seulement de renforcer votre prévoyance, mais aussi de réduire vos impôts.
La totalité du rachat est déductible l’année du versement. Toutefois, après un tel rachat, le retrait de capital est bloqué pendant trois ans. Il peut donc être judicieux d’échelonner ces versements sur plusieurs années.
Les primes d’assurance maladie, accident, vie ou rente sont également déductibles, mais dans certaines limites. Pour l’impôt fédéral, les montants maximaux sont de :
En matière de santé, les frais non couverts – comme les soins dentaires, les traitements alternatifs ou certains médicaments – peuvent être déduits s’ils dépassent 5% de votre revenu net. Il faut bien entendu prouver que ces dépenses ne sont pas remboursées.
Les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier d’allègements fiscaux spécifiques. Cela peut prendre la forme d’une déduction forfaitaire ou d’une déduction des frais réels liés à leur condition. Ces avantages fiscaux s’appliquent notamment aux bénéficiaires d’une rente AI, aux personnes recevant une allocation pour impotent, à celles vivant en institution, ou encore aux personnes ayant recours à des prestations Spitex avec un degré de dépendance supérieur à 4. Ces déductions visent à compenser les charges supplémentaires liées à la vie quotidienne.
Les dons à des institutions d’utilité publique domiciliées en Suisse sont également déductibles. Ils peuvent prendre la forme d’un versement en espèces ou d’un autre type de contribution patrimoniale. Pour être pris en compte, le montant total annuel des dons doit dépasser CHF 100, sans dépasser 20% du revenu net.
Les cotisations versées à un parti politique peuvent également être déduites, à condition que ce parti soit représenté dans un parlement cantonal et ait obtenu au moins 3% des suffrages lors des dernières élections. Pour l’impôt fédéral direct, la déduction maximale pour ce type de dons est fixée à CHF 10 300, montant qui varie selon les cantons.
Lorsque les deux conjoints exercent une activité lucrative, des déductions spécifiques s’appliquent pour alléger leur charge fiscale. Elles ont pour but de limiter les effets pénalisants d’une double imposition sur les couples mariés qui cumulent deux salaires. Ces déductions sont intégrées automatiquement dans certains cantons,mais peuvent nécessiter une mention explicite dans d'autres.
Les familles peuvent alléger leur imposition grâce à plusieurs types de déductions liées aux enfants. Une déduction est prévue pour chaque enfant jusqu’à ses 18 ans, voire jusqu’à 25 ans s’il poursuit une formation ou des études. Certains cantons,comme Zoug, Lucerne ou le Valais, autorisent aussi une déduction spécifique lorsque les enfants sont gardés à domicile. Si les parents recourent à des services de garde externes (crèche, accueil de jour, nounou), les frais engagés sont déductibles jusqu’à un plafond fixé à CHF 25 000 par enfant pour l’impôt fédéral. Ces mesures permettent d’adapter la fiscalité au coût réel de la parentalité.
Vous versez une contribution d’entretien à un ex-conjoint ou à un enfant ? Ces montants peuvent être déduits de votre revenu. Les versements doivent être réguliers, et justifiés par une décision judiciaire ou une convention. Cela concerne aussi les enfants majeurs à charge s’ils sont encore en formation.
Si vous aidez financièrement un enfant majeur, un parent ou un proche ne pouvant subvenir à ses besoins, vous pouvez demander une déduction de votre revenu imposable.Cette déduction, appelée « contribution d’entretien », s’applique à condition que la personne aidée dispose de faibles ressources et que l’aide apportée atteigne au moins CHF 6700 par an (montant valable pour l’année fiscale 2024).Ces versements doivent être justifiés et réguliers.
