December 8, 2025

Depuis 2023, le débat sur la réforme des retraites en France fait rage. Et pour cause : il touche à un sujet sensible qui concerne chaque citoyen dans ce qu’il a de plus personnel :sa sécurité financière à long terme. Derrière les slogans et les tensions politiques, il est utile de revenir aux fondements du système de retraite français pour en saisir les impacts réels, notamment pour ceux qui ont exercé une partie de leur carrière à l’étranger.
En France, la retraite n’est pas gérée par un seul organisme. En réalité, on compte une quarantaine de régimes de retraite, chacun avec ses propres règles. Ils sont répartis selon le statut professionnel : salarié du privé, agent de la fonction publique,travailleur indépendant… Changer de métier ou de statut au cours de sa vie complique donc la lecture de ses droits.
Depuis la réforme de 2023, l’âge légal de départ à la retraite augmente progressivement. En 2025, il est fixé à 63 ans et 3 mois, et atteindra 64 ans pour les générations nées dès1968.
Cependant, atteindre cet âge légal ne signifie pas automatiquement bénéficier d’une pension à taux plein. Pour cela, il faut avoir cumulé un nombre précis de trimestres, qui dépend toujours de l’année de naissance. À défaut, une décote est appliquée, réduisant de manière permanente le montant de la retraite. Autrement dit, l’âge d’ouverture des droits n’est qu’une condition minimale ; la durée de cotisation reste le critère clé pour éviter toute minoration.
Tout au long de votre carrière, vous validez des trimestres en cotisant sur vos revenus. En 2025, un trimestre est validé à partir d’un revenu de 1 782 € brut par trimestre, dans la limite de 4 trimestres par an. D’autres périodes ouvrent également des droits : chômage indemnisé, arrêt maladie,invalidité, mais aussi maternité et éducation des enfants.
Pour les parents, 8 trimestres supplémentaires peuvent être attribués par enfant, dont une partie peut être partagée entre les deux parents si l’enfant est né à partir de 2010.
Toucher sa retraite sans pénalité, c’est obtenir le taux plein. Pour les salariés du privé, ce taux est de 50%, pour les fonctionnaires il monte à 75%. Il est possible de l’atteindre à partir de 64 ans (pour les générations nées dès 1968), à condition d’avoir réuni la durée d’assurance requise. Sinon, le taux plein s’applique automatiquement à 67 ans. À défaut, une décote s’applique : chaque trimestre manquant entraîne une minoration viagère de la pension.
Partir à la retraite sans avoir tous ses trimestres, c’est s’exposer à une réduction définitive de ses droits. Par exemple, un salarié du privé avec 20 trimestres manquants verra sont aux réduit de 25%, ce qui a un effet non négligeable sur le montant perçu à vie.
Pour celles et ceux qui ont travaillé en Suisse ou dans un autre pays européen, des accords internationaux viennent faciliter la reconnaissance des périodes d’activité à l’étranger. C’est particulièrement important pour les frontaliers.
En pratique, la France procède à deux calculs
C’est le résultat le plus favorable des deux qui est retenu.
Les périodes suisses sont converties en trimestres français selon une règle simple : 3 mois travaillés =1 trimestre, arrondi à l’entier le plus proche. Toutefois, seuls 4 trimestres peuvent être pris en compte par an.
Dans le cadre du calcul communautaire, les trimestres validés en France et à l’étranger s’additionnent pour déterminer le taux. Cependant, les revenus suisses ne sont pas utilisés pour le calcul du salaire moyen de référence, ce dernier ne tenant compte que des meilleures années françaises (au maximum 25).
Si un retraité perçoit sa retraite française avant d’arrêter son activité en Suisse, les trimestres supplémentaires acquis après le départ doivent être pris en compte. Une révision du calcul est alors nécessaire, mais elle ne se fait pas toujours automatiquement.Il est donc essentiel de s’en assurer auprès des caisses concernées, notamment au moment de la demande de rente AVS côté suisse.
