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Prendre sa retraite en Suisse

December 8, 2025

Prendre sa retraite en Suisse : quand et comment faire les bons choix

Prendre sa retraite n’est pas une dĂ©cision qui se rĂ©sume Ă  une date inscrite sur un calendrier. C’est un choix stratĂ©gique, aux consĂ©quences durables, qui mĂ©rite rĂ©flexion et prĂ©paration.Pour les frontaliers qui ont travaillĂ© en Suisse, cette question est encore plus dĂ©licate, car elle implique de jongler entre deux systĂšmes : l’un suisse,l’autre français. La date de dĂ©part influencera directement vos finances, vos droits et votre niveau de vie sur le long terme.

Quel est l’ñge officiel de la retraite en Suisse ?

Aujourd’hui, l’ñge lĂ©gal de la retraite en Suisse est fixĂ© Ă  65 ans pour les hommes et Ă  64 ans pour les femmes. Toutefois, cette diffĂ©rence est en train de disparaĂźtre. DĂšs 2025, l’ñge de la retraite pour les femmes sera progressivement harmonisĂ© Ă  65 ans, Ă  la suite d’une dĂ©cision votĂ©e par le peuple en 2022.

Le versement de la rente AVS dĂ©bute normalement le mois suivant votre anniversaire officiel de retraite. Mais attention : ce processus n’est pas automatique. Pour que vos rentes vous soient versĂ©es Ă  temps, vous devez entreprendre certaines dĂ©marches Ă  l’avance.

Frontaliers : pourquoi agir en amont

Si vous habitez en France et avez cotisĂ© en Suisse, il est indispensable de prĂ©venir les bonnes institutions plusieurs mois avant la date prĂ©vue de votre dĂ©part. Trois Ă  quatre mois avant l’échĂ©ance, prenez contact avec :

  • Votre caisse de compensation AVS (pour la rente publique),
  • Votre caisse de pension (pour le 2e pilier),
  • Votre banque ou compagnie d’assurance (si vous avez un 3e pilier liĂ© ou libre)

Ces dĂ©marches sont d’autant plus importantes que les dĂ©lais administratifs peuvent varier selon les cantons, et que la coordination avec les autoritĂ©s fiscales françaises peut prendre du temps.

Partir plus tĂŽt

Nombreux sont ceux qui rĂȘvent de quitter le monde du travail avant l’ñge lĂ©gal. Une retraite anticipĂ©e peut sembler sĂ©duisante, surtout si vous avez dĂ©jĂ  des projets ou si vous aspirez Ă  ralentir. En Suisse, cela est possible dĂšs 58 ans, selon les caisses de pension. L’AVS peut, quant Ă  elle, ĂȘtre perçue jusqu’à deux ans avant l’ñge ordinaire.

Mais attention : cette dĂ©cision a un coĂ»t. La rente AVS est rĂ©duite de maniĂšre permanente pour chaque mois d’anticipation. Il en va de mĂȘme pour la rente LPP, qui sera plus faible,tout simplement parce que vous cotisez moins longtemps et commencez Ă  retirer plus tĂŽt. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, chaque annĂ©e de retraite anticipĂ©e reprĂ©sente une perte Ă©quivalente Ă  un salaire annuel. Et pour les frontaliers, cela peut aussi compliquer la gestion du capital entre deux pays.

Continuer Ă  travailler aprĂšs l’ñge lĂ©gal

L’inverse est Ă©galement vrai. Vous pouvez tout Ă  fait continuer Ă  travailler au-delĂ  de l’ñge lĂ©gal.Certains choisissent de prolonger leur activitĂ© par plaisir, d’autres parnĂ©cessitĂ© financiĂšre. Dans les deux cas, cela peut s’avĂ©rer avantageux.

Repousser le versement de la rente AVS permet d’augmenter son montant mensuel. Il est aussi possible de n’en percevoir qu’une partie (entre 20% et 80%) et de diffĂ©rer le reste.

CĂŽtĂ© 2e pilier, certaines caisses autorisent Ă©galement un report du versement jusqu’à 70 ans. Il faut cependant que vous exerciez toujours une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e pour que ce report soit acceptĂ©.

Enfin, si vous continuez Ă  travailler aprĂšs l’ñge de la retraite, vous cotiserez toujours Ă  l’AVS sur vos revenus. Mais seuls les montants dĂ©passant 1400 CHF par mois sont pris en compte, ce qui allĂšge votre charge.

Et le 3e pilier dans tout ça ?

Le capital du 3e pilier,s’il existe, peut ĂȘtre perçu jusqu’à cinq ans avant l’ñge de la retraite, ou diffĂ©rĂ© au maximum de cinq ans si vous restez actif. Pour les frontaliers,cette marge de manƓuvre peut permettre d’optimiser la fiscalitĂ©, surtout en rĂ©partissant les retraits sur plusieurs annĂ©es. Cela dit, il faut bien vĂ©rifier les conditions de chaque contrat, car les rĂšgles peuvent varier d’un Ă©tablissement Ă  l’autre.

Préparer sa retraite financiÚrement : un processus en plusieurs étapes

Se poser les bonnes questions au bon moment fait toute la diffĂ©rence. Si vous ĂȘtes encore loin de la retraite, il est dĂ©jĂ  temps de vous interroger sur vos placements, vos dettes, vos projets. Entre 50 et 55 ans, faites un Ă©tat des lieux de votre patrimoine et de vos lacunes Ă©ventuelles en matiĂšre de prĂ©voyance. Cela vous permettra de combler certains manques, par exemple par des rachats dans votre caisse de pension ou des versements supplĂ©mentaires dans un pilier 3a.

Cinq ans avant la retraite,commencez à simuler différents scénarios : à quel ùge partir, sous quelle forme toucher vos avoirs (capital ou rente ?), quel sera votre revenu net en France,et quelles charges devrez-vous assumer ?

Un an avant le départ,ajustez votre stratégie de placement en tenant compte de votre avenir immédiat: souhaitez-vous transmettre un bien immobilier, garder votre résidence actuelle, changer de région ?

Six mois avant, informez vos caisses suisses de votre date de départ. Cela garantit que vos avoirs voussoient versés à temps, et dans les bonnes conditions.

Et une fois retraité ?

La planification ne s’arrĂȘte pas au jour J. Une fois Ă  la retraite, continuez Ă  suivre vos placements, ajustez votre budget si nĂ©cessaire, et sĂ©curisez juridiquement votre situation : testament, mandat pour cause d’inaptitude, directives anticipĂ©es
 Ces mesures garantissent que vos volontĂ©s seront respectĂ©es, mĂȘme en cas de perte de capacitĂ© de discernement.

Enfin, n’oubliez pas qu’à la retraite, vous n’ĂȘtes plus couvert automatiquement par l’assurance-accidents de votre employeur. Pensez Ă  souscrire une protection privĂ©e pour Ă©viter les mauvaises surprises.